Un ingénieur de 51 ans du Technocentre Renault de Guyancourt (dans les Yvelines) s'est suicidé mercredi à son domicile, a indiqué jeudi le constructeur automobile, alors que ce centre d'ingénierie avait connu fin 2006-début 2007 les suicides retentissants de trois salariés.
"A l'heure actuelle, nous n'avons pas vraiment connaissance des circonstances qui ont mené à ce drame", et notamment du lien ou non avec le travail, a déclaré à la presse le directeur général délégué de Renault, Patrick Pélata.
Ce dernier cas de suicide a été constaté mercredi soir par la famille de cet ingénieur, marié et père de deux enfants, employé dans l'amélioration de la qualité au Technocentre depuis six ans, après une carrière au Mans chez Renault. Il était en vacances depuis le début de la semaine et devait prendre dans les prochains jours de nouvelles fonctions, dans la conception de la future Logan, qui "correspondaient bien à ses compétences" et pour lesquelles "il avait exprimé son contentement" selon M. Pélata. Ce poste était "important" et il allait devoir travailler pour une douzaine d'usines dans le monde.
"Je le connaissais personnellement, j'ai travaillé avec lui de façon très proche il y a un peu plus de 20 ans", a précisé le directeur général, faisant part de sa "profonde émotion". Il s'est rendu au Technocentre dans l'après-midi et a rencontré son équipe, dont certains membres "culpabilisent" d'après lui, n'ayant pas vu venir ce geste. "Depuis trois ans, nous avons mis en place des mesures importantes dans l'entreprise (...) Nous n'avions jamais revu aussi profondément les dispositifs d'accompagnement et de soutien, ce qui a structuré notre démarche autour d'un plan d'amélioration des conditions de vie et de travail des équipes", a-t-il rappelé.
Le constructeur a en effet lancé début 2007 un plan auprès de 15 000 salariés des sites d'ingénierie: création de responsables de ressources humaines de proximité, réduction des horaires d'ouverture, formations pour la détection des personnes en détresse suivies par une bonne part du personnel, possibilité de signalements aux médecins du travail... "Ce drame nous rappelle qu'il faut continuer toujours à être vigilant. Pour nous tous, le management, les collègues, les syndicats qui viennent de me le dire, aujourd'hui c'est un échec. On va tous se mobiliser d'abord pour comprendre ce qui s'est passé, et pour essayer d'améliorer la prévention", a complété M. Pélata. Selon lui, quand un suicide survient, en général, "c'est parce qu'il y a une conjonction de problèmes". "On ne peut pas jouer sur toutes les dimensions de la vie des gens, mais on peut jouer sur la dimension de la vie au travail", a-t-il souligné.
La CGT a salué "l'attitude humble de la direction, très différente de ce qu'on a connu à une époque", et "partage son constat d'un échec des systèmes de détection". La CFDT a jugé, elle, que "le problème de fond du système de management de l'entreprise reste entier". Les syndicats ont demandé un Comité d'hygiène et sécurité extraordinaire. D'après eux, aucun autre salarié Renault du Technocentre ne s'était donné la mort depuis la vague d'il y a trois ans. Un salarié employé par un prestataire de services travaillant au Technocentre s'était toutefois suicidé à son domicile en février 2008.
Source: Renault
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